ano interwiew traduit en français

voici un long interwiew de 4 page publié dans le magazine musica chaudement recommané par ano

La page 0 désigne les photos avec le texte dessus

 

Concernant elle avait déjà parlé de la chanson fuhen dans interview disponible sur ma chaine : https://www.youtube.com/watch?v=w2eoISSgHb8

 

Sur ce commencent l’interview

 

 

Page zéro

En tête

Connue dans les médias sous le nom “Ano-chan”, que ressent “ano” et cherche-t-elle à montrer en tant qu’artiste ?

 Cela fait deux ans qu'elle a choisi de refaire de la musique et qu'elle a commencé à travailler en tant qu'artiste solo, après avoir essayé de tout quitter.

Avec la chanson “Fuhen”, où Ôzaki Sekaikan de CreepHyp dépeint l’essence d’ano,
la grosse collaboration obtenue avec l’anime “Chainsaw Man”

“Chû, Taiyôsei” écrite en partenariat avec l’ancien membre de Sôtaisei Riron, Shûichi Mabe,   

Et enfin, le titre “neetneveS”, thème du film “Mayhem Girls”, nous prenons le nom d’explorer ce qui se trouve au cœur d’ano avec ces nouveaux titres sortis à la suite.


3 ème image

En faisant un certain choix, j’aurais peut-être plus facilement ce que je veux.
Mais cette façon de faire ne me satisfait pas alors je ne fais pas ce genre de choix là

C’est un processus que j’ai toujours répété par moi-même.

Ce que j’ai toujours trouvé de plus important, c’est de savoir si j’ai la volonté de faire ou pas.

Si je n’ai pas ma propre volonté, malgré le fait que les gens ne me comprennent pas,

je sens que ce que je fais sera raté.



Texte : Tomoko Ariizumi Photo : Nobuyuki Seki

 




4eme image


Ano-chan est une mannequin, célébrité et actrice très populaire, souvent invitée dans des émissions de variété. Cependant, quand on lui demande quelle est son occupation principale ou sa vraie nature, elle nous répond qu’elle est “une expressionniste qui se concentre principalement sur l'art de la musique”. Après avoir fait partie du groupe d’idoles “You’ll Melt More!” à partir de 2013, qu’elle quitta soudainement en septembre 2019, elle revient un an plus tard sous le nom “ano” avec le titre “delete”. Elle commença sa carrière en solo avec cette chanson où l’on peut considérer que les paroles qu’elle a écrites reflètent ce qui se trouve réellement en son cœur. Les paroles parlent du fait de vivre en étant soi-même, malgré les difficultés de la vie qui peuvent la rendre folle. 

Par la suite, elle a sorti de manière constante de nouveaux morceaux (dont elle est l’auteure des paroles la plupart du temps, avec Taku Inoue pour l’arrangement musical).

En avril 2022, elle nous présente le titre “AIDA” qui marque son passage en major, titre qui fait office de générique de fin pour la saison 2 de “TIGER & BUNNY”. Elle nous montre sa résolution et sa détermination en tant qu’artiste pop aujourd’hui à travers les paroles du passage suivant :

“ Ce monde est sans justice, sans sacrifice

Il n’y a pas de correct dans ce monde

Quand-bien même je t’enverrai

Ce “moi” authentique encore aujourd’hui

C’est mon amour. ”

 

En octobre, elle sort le titre “Fuhen” co-écrit et composé par Ôzaki Sekaikan de CreepHyp, suivi de “Chu, Taiyôsei” en novembre, en collaboration avec Shûichi Mabe, ancien membre de Sôtaisei Riron pour le générique de fin de “Chainsaw Man”. Enfin, elle nous présente “neetneveS” thème du film “Mayhem Girls”, sorti le 25 novembre dans les salles de cinéma. Voilà les trois morceaux que nous a sortis ano pour la période automne-hiver.

Nous l’interviewons pour la première fois afin de savoir en profondeur ce qu’elle ressent, comment elle se voit elle, ainsi que le monde, et quel genre de choses elle essaye d’exprimer en tant qu’artiste.

 

 

Première page



En tête 

Je veux mettre des fleurs sales et craquelées avec de belles fleurs, et quand je vois une fontaine avec une eau claire, ça me stresse et je pense que ce serait plus beau si l'eau était noire...  Je crois que la racine du problème en premier, c’est le fait que je sois mal à l’aise avec des choses sans défaut.





Q : Vous avez sorti plusieurs singles à la suite depuis le mois d’octobre. D’abord, j’aimerais savoir ce qui a été imaginé avec Ôzaki Sekaikan pour “Fuhen”, premier single de cette série qui a été co-écrit avec lui.

Ano : Au tout début, M. Ôzaki m’a invité à une émission de radio. Dans cette radio, on peut parler de nos soucis et tracas, et du coup, je lui ai fait par des miens. Je lui ai dit que dans le monde, beaucoup de personnes avaient les mêmes problèmes que moi, alors je lui ai demandé comme ça de composer une chanson à ce propos. Je lui avais demandé juste comme ça, mais nous avons fini par en parler sérieusement. La seule chose était que la collaboration avec “Chainsaw Man” était déjà prévue, mais mon but étant d’élargir à nouveau mes différents moyens d’expression en qu’”ano”, je voulais d’abord sortir une chanson qui puisse exprimer qui je suis.

Q : En d'autres termes, vous saviez qu'un grand moment allait se présenter, au cours duquel vous auriez un impact sur le monde, et vous vouliez donc lui présenter une expression appropriée de ce qui est à la base de votre identité.

Ano : C’est exactement ça. Mais comme j’ai du mal à expliquer qui je suis, en plus d’avoir horreur de ça, je me suis dit que demander à la personne en qui j’avais le plus confiance avec les mots pour faire une chanson qui explique qui je suis serait une bonne idée. J’ai pensé que ce serait génial si c’était M. Ôzaki, et donc il l’a écrit à ce moment-là.

 

Q : D’ailleurs, quel est ce souci dont vous avez fait part à Ôzaki ?

Ano : C’est quelque chose de très petit, mais c’est par rapport au fait que je passe plus souvent à la télé. J’ai de plus en plus de retours venant des gens, disant que ma voix est bizarre, que la manière dont je parle l’est aussi, ou que mon comportement était étrange. C’est la période où le mot “étrange” devenait de plus en plus présent. C’était déjà le cas auparavant, mais ça devenait de plus en plus fréquent, et même-moi ça commençait à me déranger... Alors je lui en ai fait part. Dans le passé, M. Ôzaki était aussi une personne dont on disait qu'elle avait une voix étrange, alors je voulais lui demander ce qu'il en pensait. C’était le point de départ de notre discussion, ça a basculé sur les choses qu’on essaye de dire de manière détournée mais qui finissent par être trop directes sur les réseaux sociaux, le fait que ces mots soient difficiles mais amusants à utiliser, sur la difficulté de parler à d’autres personnes, etc. On a parlé de beaucoup de choses. En plus de ça, lorsqu’on était sur la composition du morceau, j’avais écrit encore plus de choses, puis je les ai envoyées à M. Ôzaki.


Q : Vous nous avez dit plus tôt que vous vouliez composer une chanson “qui explique qui est ano”. Vous avez donc expliqué à Ôzaki ce que vous pensiez maintenant, ou ce que vous avez ressenti tout au long de votre vie ?

Ano : C’est ça. J'avais écrit tous ces textes pour qu’il comprenne quel genre de personne je suis. J’ai écrit à propos de mes problèmes actuels, ou encore de ce que je pensais à ce moment, ce qui j’avais vécu à l’école primaire et au collège, ce que j’avais pensé à cette période. C’étaient de longs textes pénibles à lire que je lui ai envoyés. Je lui ai aussi envoyé tout ce que j’avais écrit sur mon blog de l’époque. Si je ne lui avais pas envoyé au moins toute cette quantité de texte, je n’aurais pas été satisfaite, et comme je voulais que ce soit lui qui écrive à propos de moi, je lui ai envoyé tout ça de manière effrontée.




Q : Je pense que ces textes étaient un moyen pour vous de parler de vous à Ôzaki, mais en même temps, le processus de verbalisation et d'écriture de vos problèmes, de vos pensées et de votre vie a permis de faire un travail d’introspection.

Ano : Tout à fait. Lorsque vous écrivez tout, de votre passé à votre présent, vous vous rendez compte de la façon dont vous pensez au moment présent, et vous réalisez aussi que rien n’a changé. Je me rends également compte une fois de plus que je n'ai fait que vivre ma vie, et que je suis arrivé jusqu'ici en faisant tous les choix que j'ai faits. Ce n'est pas que j'ai fait des choix particuliers, mais plutôt que j'ai choisi de vivre ma vie en faisant ce qui est normal pour moi, et c'est ainsi que je suis naturellement devenue la personne que je suis aujourd'hui. Lorsque M. Ôzaki a écrit cette chanson pour moi, il m’a dit qu’il a pu faire une aussi bonne chanson car il a pu voir que j’ai vécu de cette manière, ce qui m’a permis de m’affirmer.



Q : Voilà ce qu’a écrit Ôzaki dans les paroles de “Fuhen” :

“Ce que les gens pensent étrange, devient de plus en plus une étrangeté normale”

Les paroles sont jalonnées de très beaux mots. Je pense qu’aujourd’hui, en plus d’être une chanson qui exprime qui vous êtes, et comme vous l’avez dit plus tôt, elle vous permet de vous affirmer quand vous la chantez.

Ano : Oui. Quand je l'ai entendue pour la première fois, j'ai eu la sensation qu'il avait réussi à lire en moi comme livre ouvert. Les mots sont simples, mais j’avais eu le sentiment d’être sauvée. Il s'agit de ce que j'ai vécu et de ce que j'ai fait sans me plier... Tout ça n’a pas été fait au hasard, c’est parce que j’ai fait mes propres choix. Si je fais un autre choix, ça semblera peut-être plus simple d’obtenir ce que je veux, mais cette façon de faire ne me satisfait pas alors je ne fais pas ce genre de choix là. C’est un processus que j’ai toujours répété, et je pense que ça a sans doute touché M. Ôzaki. Pour les paroles de la première partie du deuxième couplet, il a écrit d’une manière complètement opposée à ce que j’aurais fait. Je prends toujours la méthode compliquée, et c’est parce qu’il est à l’opposé de moi qu’il a pu écrire ces paroles. Je me dis toujours qu’il y a des gens qui ne me comprennent pas, mais j’étais contente de savoir qu’il y avait des gens qui puissent voir ma situation. D’un point de vue extérieur, on pourrait penser que je suis comme les autres, alors que je dans la tête, c’est “ne me mettez pas dans le même panier !”. Et ça aussi, ça m’a permis de m’ affirmer.

 

Q : Vous dites donc que si vous choisissez telle ou telle route, vous obtiendrez plus facilement ce que vous voudrez, mais cette méthode ne vous satisfait pas. Si on vous demandait ce que vous valorisez dans vos choix, quel est, selon vous, le critère qui vous permet de prendre vos décisions ?

Ano : Pour le dire très simplement, je fais ce que je veux faire. J'étais une idole auparavant, et beaucoup de personnes me disaient que je pourrais vendre en faisant ceci ou cela. Mais à chaque fois qu’on me le disait, j’ai choisi de ne pas le faire parce que ce n’était pas ce que je voulais faire. C’est vrai qu’il y a une possibilité de vendre en un rien de temps, mais le plus important pour moi était de savoir si j'avais la volonté de le faire ou non. Je sais que je ne fais pas juste les choses pour moi, mais aussi pour mes fans, a fortiori je ne peux pas faire quelque chose dont je n’ai pas la volonté de faire. En plus de ça, j’ai toujours été consciente des choix que je faisais. Tout ça, ça n’est pas communiqué, et même si ça ne l’est pas, c’est comme ça que je veux que les choses se passent... C’est toujours comme ça. C’est comme ça que je suis. Je me fiche que les gens ne me comprennent pas, si je n'ai pas la volonté de faire ce que je veux faire, je sens que ce que je fais sera raté.

➡️ Q : Indépendamment du fait que quelqu'un d'autre vous comprenne ou non, c'est une chose importante que vous ne devez pas perdre pour vivre en restant vous-même.



Ano : Oui, c'est ça. je n'ai pas choisi ce mode de vie pour le partager à qui que ce soit, alors j'avais abandonné cette idée en me disant que ce n'était pas grave si on ne me comprenait pas, mais quand "Fuhen" a été créée, c'est comme si j'avais été sauvée dans une certaine mesure.



 

2ème page

Q : Vous avez commencé votre carrière en tant qu’”ano” en septembre 2020 avec la chanson “delete”. Le mot “delete”, il signifie “effacer”, n’est-ce pas ? Je suppose que ce titre exprime votre sentiment de vouloir repartir de zéro après avoir bâti et obtenu tant de choses pendant votre période d’idole. Après avoir chanté ces paroles “j’ai du mal à respirer, je ne peux aller nulle part, la vie est dure”, vous dites “mais je ne veux pas mourir en devenant un destroyer/destructeur”. On dirait que c’est une décision que vous avez prise. Avec le recul, pourquoi avoir pensé à commencer votre carrière solo avec cette chanson ?

 

Ano : “Delete” est une chanson où j’ai écrit juste ce que j’avais envie d’écrire. Ce n’est pas un morceau destiné à sauver quelqu’un ou pour toucher des gens, mais c’est vraiment une chanson exprimant ma dernière volonté. J'ai été une idole pendant cinq ou six ans, et quand je suis partie, j'avais prévu de tout quitter et ne rien faire. Au final, quand je suis revenue en choisissant de nouveau de faire de la musique, je savais que le passé me hanterait, dans un bon ou mauvais sens. Si j’ai arrêté d’être une idole soudainement, c’est parce que j’en avais assez, mais mais surtout parce que j'avais une très forte envie de détruire quelque chose de soigné et de complet. Alors j’ai arrêté d’être une idole, et j'ai écrit "delete" avec l'intention d'effacer tout ce qui m'était arrivé. Bien sûr, je ne fais pas comme si cela n'était jamais arrivé, et cela restera dans l'esprit de tout le monde, et dans le mien, mais je voulais effacer ce sentiment d'y avoir participé. C’est ce que j’ai ressenti quand j’ai écrit “delete”.


 

 

Q : Vous dites vouloir détruire des choses soignées, propres ou encore jolies, mais dans cette chanson, pourquoi avoir dit “je ne veux pas mourir en devenant un destructeur” ?

Ano : Hmm... Ce désir de détruire a toujours été fort en moi.




➡️Q : Depuis toujours ?

Ano : Oui ça a toujours été le cas depuis. Par contre, je ne voulais pas juste détruire pour détruire... Quand j’étais idole, je n’avais rien construit, je ne faisais que souffrir. Je voulais faire un carnage en me déchaînant sur tout et n’importe quoi, je voulais que tout se finisse, que tout disparaisse, que tout meure. C’était ce genre de sentiments que j’avais, mais j’ai aussi une forte envie de pouvoir créer, que ce soit des choses que je puisse considérer comme des trésors, ou de jolies choses, même aussi insignifiantes soient-elles, je veux m’en servir comme une arme.

 

➡️Q : Qu’est-ce qui peut bien être à la racine de ce désir de détruire ?

 

Ano : J’ai comme une sensation d’inconfort quand je vois quelque chose qui n’en suscite justement pas, ça me démange de voir des choses trop parfaites, pas seulement pour ce qui m’appartient mais pour tout ce qui existe. S’il y a des fleurs qui sont jolies, j’ai envie de les mettre avec des fleurs salies et craquelées. Quand je vois une fontaine avec une eau claire, ça me stresse et je pense que ce serait plus beau si l'eau était noire...  Je crois que la racine du problème en premier, c’est le fait que je sois mal à l’aise avec des choses sans défaut. C’est pareil vis-à-vis de moi-même, je me plais à faire des choses dont je ne suis pas capable de faire, mais une fois que j’en deviens capable ça devient ennuyant, et j’ai envie de les détruire. Du coup, c’était la même chose quand j’étais idole, j’avais dit tout à l’heure que j’en avais eu marre, mais de base, j’avais l’idée de détruire ce concept d’”idole”, pour construire quelque chose d’autre. Au moment où j’avais atteint cet objectif, on est arrivé à une période où le monde a commencé à penser que n’importe quel genre d’idole pouvait exister, et d’un coup je me suis dit que ça n’allait pas, que c’était ennuyant, alors j’ai voulu arrêter. Aujourd'hui encore, je ne sais toujours pas pourquoi je pense de la sorte, mais je crois que c’est cette sensation d’inconfort dont j’ai parlé tout à l’heure qui en est à la cause.


➡️Q : Je pense que le fait de détruire quelque chose qui est déjà achevé pour en faire naître une nouvelle fait partie des bases du processus de création, mais en écoutant ce que vous dites, je trouve surtout, par exemple, que les gens ne vivent pas en étant seulement heureux ou seulement tristes. Que ce soit la joie et la tristesse, la froideur ou la gentillesse, la douleur ou l’espoir, il faut vivre en prenant en compte chaque versant en même temps. Également, on peut remarquer par exemple notre société qui montre un côté bien ordonné, alors que d’un autre côté les gens peuvent être complètement désordonnés dans leurs habitudes. Beaucoup de personnes sont traitées injustement dans la société. Comme nous sommes humains et nous devons vivre dans cette société en adoptant ce mélange des choses comme le bien et le mal, la beauté et la laideur, si on ne fait que regarder en se concentrant sur un côté d'une chose, on souffre de cet inconfort que procure cette réalité. Je me dis que c’est un peu comme ça que vous voyez les choses.

Ano : Oui, c’est exactement comme vous le dites. Je me dis qu’une chose n’est pas vraiment ce qu’elle peut montrer. Si les gens ne font que voir une seule facette d’une chose, c’est ça qui me rend mal à l’aise, je dirais.



Deuxième colonne





➡️Q :Je pense que dans une société où l'on prétend que les choses invisibles n'existent pas, les gens ont tendance à ne voir qu'un côté du monde et à penser que c'est tout ce qu'il y a, ou ils ne réalisent pas qu'il y a de la pauvreté et de l’injustice derrière le monde qu'ils voient. Souvent, les gens vivent leur vie en l’ignorant. C’est pour ça que je pense que les personnes expressionnistes devraient garder ça dans un coin de leur esprit lorsqu’elles travaillent.

 

Ano : En tant qu’artiste, ce n’est pas quelque chose que j’avais forcément considéré d’important, mais si je prends la place du destinataire, en voyant les choses de manière objective, au final, j’aimerais que ce genre d’œuvres soient créées, surtout par des paroliers ou ceux qui peuvent avoir ce genre de réflexion. C'est difficile à dire, car il y a tellement d'artistes différents, mais dans mon cas, c'est ce que je pense... C’est difficile à dire. Je vais toujours chercher à m’engager par rapport à l’ère dans laquelle on est, mais dans un sens, ma manière de penser est vieillotte, il y a une partie de moi qui ne change pas. Pourtant, on me colle cette étiquette de la génération Z ou je ne sais quoi. Et justement, je sens que si j’arrive à faire évoluer ce “moi” de la génération Z et le communiquer au monde, je pourrai sans doute faire des choses intéressantes. C'est une chose avec laquelle je me bats toujours quand je crée des choses.

➡️Q : Est-ce que ce dont vous parlez maintenant est un conflit sur le fait qu'on attend de la génération Z qu'elle dise quelque chose à la société ? Ou est-ce quelque chose de différent ?

Ano : Non, je me pose plutôt la question de savoir si la génération Z a quelque chose à reprocher à la société en premier lieu...  Désolée pour les gens de la génération Z si je mets tout le monde dans le même sac, mais cette génération est honnêtement focalisée sur le plaisir immédiat, les tendances et le besoin de reconnaissance. Ça m’arrive personnellement d’avoir beaucoup de choses à dire par rapport à la société, et j’ai beaucoup de choses à communiquer, mais j’ai souvent l’impression que ce n’est pas forcément le cas pour la majorité des gens. J’en fais mention dans les paroles de “Fuhen”, je sais qu’il suffit de danser comme jamais pour devenir célèbre, mais je me dis “ça vous suffit si je fais juste ça ?”. Ça ne me dérange pas qu’il y ait ce genre de chanson en général, mais pour celles qui ne sont pas écrites avec ce but, je trouve que c’est un sacrilège.

Les gens ne vont pas forcément être intéressés de savoir de qui est la chanson, ils vont encore moins réfléchir au sens des paroles, et comme ils ne réfléchissent pas à pourquoi un certain type de son a été utilisé, ils vont simplement l’utiliser en changeant le son et la vitesse. Bien sûr, je trouve ça super que la génération Z trouve des nouvelles façons d’apprécier la musique, mais ce qui me fait penser qu’elle n’a aucun respect envers elle, c’est parce que j’ai beaucoup de compagnons et amis qui font de la musique et qu’on se comprend mutuellement, je dirais. En tant que compositeur de chansons, j'ai beaucoup de pensées à ce sujet... Mais je ne dois pas être la seule dans ce cas. Je pense qu’il y a beaucoup de compositeurs autres que moi qui ont créé leurs morceaux en ayant foi en ce qu’ils ont fait, mais il y en a qui vont absolument être clairs dans leur manière de composer alors que d’autres non. Je pense que je fais partie de ceux qui sont clairs dans leurs décisions. Je comprends cette joie-là, j’arrive à voir si la manière de consommer une chanson est peu convaincante ou nulle car je possède un esprit de rébellion... il y a toujours ce genre de conflits. J'aimerai être capable de pouvoir choisir moi-même ce que je veux faire et ce que je ne veux pas faire. Dans ce sens, il faut que je sois catégorique quand je compose et communique mes chansons.

 

3eme page 



En tête 

Je me demande pourquoi ce que je dis devient un mensonge quand ça s’éloigne un tant soit peu de ce que les gens attendent de moi. J'ai toujours trouvé louche que les gens confirment dans leur imagination des choses que je n’ai jamais dites, et je veux leur montrer que ne n’est pas comme ça. C’est pareil pour mes chansons, elles sont toujours différentes, mais c’est elles qui définissent qui est “ano”.




Il y a comme une sorte de conflit en vous : ceux qui écoutent de la musique peuvent l’écouter ou la recevoir comme ils le veulent et cette liberté de se divertir avec la musique comme on le veut n’est pas une mauvaise chose en soi, justement vous comprenez que c’est une manière de l’apprécier. D'un autre côté, ce sentiment que la musique est un moyen d’expression des pensées, des croyances, des étapes de la vie de celui qui la compose est très fort en vous. En fait, je me dis que c’est parce que vous créez de la musique en ayant cette manière de voir les choses que vous avez une réaction hostile face à cette manière grossière de la consommer.



Ano : C’est exactement ça. Ces dernières années, j’avais ce sentiment que ma musique n'était pas assez bonne pour être consommée en tant que divertissement, et je me suis contentée de produire des choses qui pouvaient être juste écoutables, mais d’un autre côté, peu de gens sont capables d’en faire un divertissement, c’est un peu comme un talent que j’ai. En plus d’avoir la musique comme mon activité principale, je suis souvent invitée dans des émissions, je sais que faire de ma musique un divertissement plus facilement est une de mes forces, mais je n’arrive pas à faire cette distinction, c’est pour ça que je suis un peu en conflit... Ces derniers temps, je me dis que si j’arrive à utiliser ce talent, je pourrais peut-être créer de plus en plus de choses intéressantes, et je deviendrais plus forte. C’est pour ça que je compose mes chansons en prenant conscience de ça en ce moment.



➡️ Vous avez débuté en major cette année en avril avec le morceau “AIDA”. Vous chantez les paroles suivantes :



Ce monde est sans ni justice, sans sacrifice

Il n’y a pas de réponse correcte

Quand bien même, je resterai

Encore authentique aujourd’hui

C’est ma preuve d’amour


Ce passage reflète un peu cette détermination, cette résolution dont vous nous avez fait part à l’instant. Qu'en pensez-vous ?



Ano : C’est sans doute le cas. Au moment de mes débuts en major, j’étais dans une phase où ces sentiments affluaient. Je me moquais de savoir qui écouterait ce que j’avais à dire en chanson. Je savais que mes fans étaient là pour entendre ce que j’avais à dire, mais je n’avais pas l’intention de toucher d’autres personnes en plus. Au contraire, je pensais que si quelqu’un avait quelque chose à redire sur ma musique, alors il n’a qu’à pas écouter. Les pensées dont je vous ai parlé tout à l’heure ont commencé à naître à cette période, et de nouvelles possibilités s’offraient à moi. Je ne pouvais pas savoir ce qui était bien ou mal, car c’est différent pour chaque personne, n’est-ce pas ? Mais moi, je voulais protéger ce que je considérais comme correct pour moi. Selon les personnes, ce qui est “correct” va différer, et comme tout le monde a sa propre idée du “correct”, ça crée des conflits, comme ça peut au contraire faire naître différents moyens d’expression, ou différents types de musique. C’est justement à cette période que j’avais trouvé ça intéressant, et c’est de ça dont il est question dans les paroles que vous avez dites. Comme cette chanson est utilisée comme générique d’un dessin animé, les paroles ont un lien avec l’histoire, mais c’est aussi la vision du monde que j’avais à ce moment.


➡️Quand vous parlez du fait qu’à cette période peu vous importait de savoir si quelqu’un écoute vos chansons, votre objectif était en quelque sorte de montrer correctement qui vous étiez, et que si vous arriviez à vous exprimer de la manière dont vous vouliez vraiment, vous seriez satisfaite peu importe si vous ne vous ne devenez pas plus influente que ça dans la société.


Ano : Oui, c’est vrai.


➡️Quels choix vous ont amené à aller au-delà et à vouloir faire résonner votre musique dans le monde, ou à penser que même si tout le monde ne peut pas présenter la musique comme un divertissement, vous avez ce pouvoir-là de vouloir ou devoir le faire ?


Ano : Hmm, comme je l’ai dit tout à l’heure, j’étais limitée dans mes activités musicales auparavant. En continuant, je me suis dit que je pouvais devenir plus forte, je pense...



2eme colonne



C’est peut-être aussi parce que je me lasse facilement des choses, mais je commençais à en avoir marre de faire de la musique de cette manière* (*référence à la période idole). Je ne sais pas si c’était mon désir, mais je voulais voir de nouvelles choses, faire des efforts pour que les gens autour soient heureux... je sentais que ce que je faisais était du gâchis, je me disais que je pouvais aller plus loin encore. C’est comme ça que j’ai eu cette détermination, que j’ai voulu mettre mes tripes.




➡️ Avant de passer en major, vous avez sorti le titre “F Wonderful World” en août de l’année dernière. Vous y chantez les paroles suivantes :


Qui peut vivre à ma place ?
Même quand je tourne le dos ou qu’on me pointe du doigt
Je lève mon majeur et c’est gagné ! Le monde n’a qu’à bien voir

En écoutant ces paroles, j’ai l’impression que c’est un des pas qui mène à “AIDA”, je me trompe ?




Ano : Je me demande bien... j’étais tellement frustrée à cette période. Je n’avais pas écrit ces paroles pour quelqu’un en particulier, il y avait cette phase où je commençais à en avoir marre aussi, on me critiquait beaucoup. Beaucoup de gens se moquaient de moi et me sous-estimaient. C'était très frustrant. Quand on remonte encore, c’était pareil à ma période d’idole. Je me disais “ça m’énerve, ça me frustre, un jour vous allez voir”. J’agis toujours avec une envie de vengeance dans mes activités depuis... et c’est peut-être dans cette chanson où je l’exprime le plus. J'avais réussi à écrire directement ces paroles, mais en réalité, je les avais écrites avec un esprit de rébellion. À cause de ma manière de parler qui peut paraître stupide, on pourrait se dire “Ah bon ?”, mais si vous essayez de voir ce qu’il y a en moi, je fais un gros doigt d’honneur quand j’écris mes paroles. Comme “Fuhen” est un peu plus “niaise”, il y a un fossé entre ce que la musique renvoie et ce que j’ai dans le cœur. C’est ce qui ressort dans mes chansons.

➡️Je pense que vous avez toujours cet esprit de rébellion, mais quand vous chantez :

Quand bien même, je resterai encore authentique aujourd’hui, c’est ma preuve d’amour” dans “AIDA”, cela montre que vous êtes en passe de devenir une grande artiste pop à l’avenir.


Ano : Je l’espère.



➡️ Très bien, merci. Du coup, nous allons parler de “Chu, taiyôsei” qui est sortie en novembre. Il s’agit du générique de fin de l’épisode 7 de “Chainsaw Man”(les paroles ont été écrites par Ano en collaboration avec Shûichi Mabe, anciennement membre du groupe Sôtaisei Riron, et les arrrangements sont faits par TAKU INOUE qui est impliqué dans les chansons d’Ano depuis “delete”). Quelle image avez-vous eue et quel était votre état d'esprit lorsque vous avez commencé à travailler sur ce projet ?



Ano : “Chainsaw Man” est très connu et considéré comme quelque chose d’énorme, ce qui m’a rendue heureuse. Je suis très reconnaissante d’avoir pu travailler sur ce projet mais j’ai ressenti de la pression. Je n’ai jamais créé de chansons en ayant une telle pression, c’était quelque chose de nouveau pour moi. Pour moi, ça a été l’occasion de penser à quelles étaient mes forces. Il y a douze artistes différents qui ont travaillé sur chaque générique de fin, et me mettant à leur niveau, j’ai dû penser à ce que moi seule pouvait faire, où je devais aller. J'ai cette force de pouvoir me transformer selon le genre de la chanson, et du coup j'ai relevé le défi avec le sentiment qu'il s'agissait de la première étape de mon évolution.

➡️Vous dites que vous pouvez vous transformer selon la chanson, mais au contraire, est-ce que vous avez un désir d’être transformée vous-même par vos chansons ?


Ano : Pas vraiment, mais quand je regarde ce que j’ai déjà fait par la suite, je vois que je peux changer d’expression du visage, de voix, ou encore d’ambiance. C’est comme si j’étais possédée. Tout ça vient de ce qu’il y a en moi. Ces manières de m’exprimer sont nombreuses, et j’en suis consciente, donc j’aimerais bien pouvoir faire plus à ce niveau-là à l’avenir.



Par exemple, prenons les deux chansons “Peek a boo” et “SWEETSIDE SUICIDE”

 

 

 

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